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Comme s’ils étaient humains

Un autre regard sur les agresseurs

J’ai choisi le titre de ce zine pour deux raisons. En partie, pour évoquer la manière dont ces mots peuvent être prononcés avec mépris ou dégoût : « … comme s’ils étaient humains ! ». C’est une chose courante que de percevoir les auteurs de violence sexuelle comme des monstres inhumains. Et la manière dont ces individus sont habituellement traités – que l’on retrouve partout, de la justice communautaire aux prisons, en passant par les programmes mainstream de réponse à la violence domestique – reflète bien la manière dont notre culture traite tout ce qu’elle considère être moins qu’humain (c’est-à-dire, tout ce qui n’est pas humain) – ces choses doivent être dominées, maîtrisées, détruites, contrôlées ou soumises.

(Cela vaut le coup de mentionner que la plupart de ce qui est dominé ainsi est directement opprimé, exploité pour du profit matériel. Même si les agresseurs ne sont ni opprimés, ni exploités – en fait, ils sont eux-mêmes des oppresseurs et des exploiteurs – le système de pouvoir exploite à fond la peur des agresseurs. Ainsi, la peur des agresseurs et leur déshumanisation est répandue via la propagande de ceux au pouvoir, mais seulement dans la mesure où elle sert leurs intérêts. Quand, par exemple, de riches hommes blancs sont dénoncés pour avoir commis des agressions sexuelles, ils deviennent des martyrs plutôt que des monstres.)

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Plus essentiellement, le titre de ce zine est une référence à comment je pense que les auteurs de violences conjugales et/ou sexuelles devraient être traités : comme s’ils étaient humains.

Parce qu’ils sont humains.

Le discours mainstream décrit les auteurs de violences comme des cas désespérés, qui ne se soucient de rien d’autre dans la vie que de pouvoir et de contrôle. Même s’il est tout à fait clair que les personnes qui agressent sexuellement, abusent ou violent se préoccupent certainement de pouvoir et de contrôle, il est spécieux de proclamer que ce sont les seules choses qui sont importantes pour eux. Les humains qui ont agressé sexuellement, comme tous les humains, ont de nombreux désirs et souhaitent bien des choses dans la vie. Comme chez tous les humains, ces différents désirs et ces souhaits divers se contredisent souvent et entrent en conflit les uns avec les autres.

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Je n’avais jamais rencontré, avant de lire Tod Augusta-Scott, d’auteur qui rende compte de l’humanité intrinsèque de ces gens qui ont agressé sexuellement, abusé ou violé. En tant que conseiller pour hommes violents, il travaille à reconnecter les agresseurs à leur propre humanité, dans le but de les aider à prendre la responsabilité de leur violence et à devenir fiables.

Le travail d’Augusta-Scott se fonde sur plusieurs piliers : le féminisme, la remise en question de l’essentialisme de genre, et la création de nouveaux récits de vie. Plutôt que d’adopter une approche agressive, confrontationnelle, et de faire taire l’agresseur à chaque fois qu’il fait autre chose qu’accepter le récit déshumanisant qui est censé le définir, l’approche d’Augusta-Scott aide l’agresseur à comprendre comment ses abus entrent en conflit avec les autres envies qu’il peut avoir pour son existence : l’amour, le respect, l’intimité, la solidarité. De cette manière, les personnes qui travaillent à la responsabilité des agresseurs cessent d’agir en policiers, et commencent à collaborer avec ces hommes pour mettre fin aux abus. Je pense que les initiatives de responsabilisation des communautés radicales pourraient apprendre beaucoup de cette approche alternative.

Sans plus attendre, trois articles de Tod Augusta-Scott.